Marie-George BUFFET - Candidate PC

Marie-George BUFFET est la candidate de la gauche populaire antilibérale désignée par les collectifs unitaires à près de 60% des suffrages et par les adhérents du PCF à 97%. Cette candidature de large rassemblement n’enlève rien à son engagement au sein du PCF qui, de tout temps, a été un fervent défenseur des causes de la chasse, de la paysannerie et de la ruralité.

1) Originalité, subsidiarité, exception culturelle et sportive pourraient qualifier ce qui fait l’excellence cynégétique de la France, une excellence issue de la Révolution française de 1789 qui trouvera son plein essor après la seconde guerre mondiale. La chasse fait partie du paysage social et économique de la France avec ses 1,4 million de pratiquants, leurs familles, leurs amis – avec ses 70.000 associations, les fêtes de la chasse et les banquets qui associent des millions de nos concitoyens au sein de nos communes rurales, sont un bel exemple de partage d’une passion issue des temps les plus reculés de l’espèce humaine.

2) La diversité de ses pratiquants, modestes ou aisés, ruraux ou urbains, et la diversité de ses structures (Associations Communales de Chasse Agréé ACCA – Sociétés Communales de Chasse – sociétés privées – chasses domaniales…) constituent une richesse et un équilibre de la chasse française qu’il convient de maintenir afin de permettre à tous de pouvoir, demain, pratiquer leur sport favori. Les ACCA et les chasses communales regroupent l’essentiel des effectifs du monde de la chasse et permettent aux plus modestes de chasser. Le législateur doit rester vigilant au maintien de ces structures qui garantissent une chasse populaire et démocratique. Le droit de non-chasse, permis par la loi, me semble fort heureusement ne pas avoir porté atteinte à ces structures à « caractère public », si je puis m’exprimer ainsi.

3) Le poids économique de la chasse, 2,2 milliards d’euros et 23.000 emplois directs, mérite d’être mieux pris en compte par les pouvoirs publics, en soutenant la chasse dans sa globalité tout d’abord, afin de maintenir son activité et ses effectifs et de prendre des mesures plus spécifiques sur lesquelles je vais avoir l’occasion de revenir au cours de ce bref exposé.

4) La gestion des espaces et des espèces s’est vue confortée par la loi au sein de l’emblématique équilibre agro-sylvo-cynégétique, mais elle est le quotidien de l’ONCFS d’une part, et de l’ensemble des fédérations départementales de chasseurs qui s’investissent dans la protection des milieux, des biotopes, des espèces chassables ou non.

Nous nous sommes toujours opposés à la sanctuarisation des milieux et ce, particulièrement dans le cadre de Natura 2000, leur préférant une gestion équilibrée et partagée des territoires et la responsabilisation de l’ensemble des acteurs de terrain. Prenons garde cependant à l’évolution de la PAC et plus particulièrement à celle du découplage total, une aberration qui pourrait accélérer les espaces en friche et la fermeture des paysages peu propices à une chasse de qualité.

5) La diversité des 21 modes de chasse recensés est une richesse, la solidarité au sein de cette diversité est une force. De la chasse devant soi, jusqu’à la chasse à courre, en passant par les huttes, les palombières, les gluaux… tous les modes de chasse sont l’héritage de traditions ancestrales qui méritent d’être conservées. Le triste exemple britannique d’interdiction de la chasse à courre illustre bien le danger qui pèse sur la chasse par les lobbies anti-chasse. Si nous laissons un seul mode de chasse être remis en cause, demain ce sera toute la chasse qui sera menacée.

6) Chasser, c’est aussi tuer, c’est respecter le gibier, c’est gérer les populations. Oui, l’acte de chasse est légitime et s’il n’existait pas, je n’ose imaginer le coût pour l’Etat et les assurances d’une gestion administrative sur l’ensemble du territoire. Je fréquente de plus en plus de chasses qui responsabilisent l’acte de tir sur grand gibier en appliquant des amendes pour chaque tir manqué, ils réduisent ainsi de manière sensible le nombre d’animaux blessés et enlèvent quelques arguments à nos détracteurs.

7-9-11) L’équilibre entre une gestion contractuelle et les contraintes réglementaires doit pouvoir se trouver dans un cadre réglementaire suffisamment large pour permettre une gestion de proximité intégrée dans les schémas cynégétiques départementaux et les orientations régionales de gestion de la faune sauvage et de ses habitats (ORGFH). Les problématiques du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie sont très différentes sur de nombreux points à celles du Sud-Ouest de la France, par exemple. Les variations climatiques, les couloirs de migration, la sédentarisation de certaines espèces, les crises sanitaires localisées… appellent une gestion au plus près et la nécessité d’une concertation des chasseurs au sein des instances en charge de la gestion de la nature (DDAF, DDJS, DIREN, Commission départementale Faune sauvage…). Tenter de régler les opérations foncières et de remembrement, les PLU, les bassins versants, les zones humides, les schémas touristiques… sans consulter les chasseurs me paraît injuste, alors que le plus souvent, les associations environnementales y sont associées.

8) Recruter de nouveaux adhérents pour transmettre une passion de la nature nécessite de rendre le permis plus accessible aux jeunes, aux femmes, aux nouveaux arrivants, issus ou non de l’immigration, peut également contribuer au maintien des effectifs. L’accessibilité financière des jeunes et des plus modestes doit être encouragée sous des formes simples d’aide à la source des fédérations organisatrices.

L’épreuve théorique peut faire l’objet d’un assouplissement par le nombre de points exigés. 16 points en première épreuve, 15 points en seconde épreuve et 14 points ensuite, soit les 2/3 de bonnes réponses.

Les épreuves pratiques doivent être jugées à parité par les administrateurs de Fédérations et la garderie de l’ONCFS.

10-12) Le partage temporel de l’accès à la nature qui s’était illustré en son temps par le « mercredi sans chasse » semble avoir trouvé son équilibre après le retrait de la réglementation en vigueur. Une nouvelle réglementation autoritaire n’est donc pas à envisager, par contre, le partage de l’accès aux espaces naturels mérite d’être amélioré et clarifié à plusieurs titres : chaque collectivité pourrait, par exemple, annexer à son document d’urbanisme en vigueur (charte communale, PLU…) un Schéma Commun des Usages Non Appropriatifs de la Nature (SCUNAN).

Ce schéma communal pourrait aisément, après concertation de l’ensemble des acteurs (propriétaires fonciers, élus, agriculteurs, chasseurs, pêcheurs, associations utilisatrices de la nature…) définir les droits et devoirs de chacun. Un plan détaillé, un règlement local et une signalétique nationale pourraient, à notre avis, contribuer à réduire de manière significative les conflits d’usage dans le milieu naturel.

13) Chasse et agriculture sont le plus souvent indissociables. Les contrôles de surface par satellite et la réduction des aides PAC pour l’emprise des haies et talus poussent les agriculteurs à les supprimer, ce qui est catastrophique pour la biodiversité et se voit particulièrement en Bretagne, région de bocage. Les objectifs de rentabilité, de productivité et de concentration imposés par la PAC nuisent à la faune dite ordinaire. Sans entrer dans un débat plus large sur les aides agricoles, il apparaît effectivement nécessaire, dans le cadre de l’écoconditionnalité, de tenir compte, par exemple, des linéaires arbustifs, des sols couverts en hiver, des traitements de cultures respectueux de l’environnement, de l’utilisation des barres d’envol, des surfaces de jachères faunes sauvages… Aujourd’hui, c’est le contraire qui se produit, les modes de cultures respectueux de l’environnement sont pénalisés par Bruxelles au profit des grandes cultures industrielles.

14) Le débat relatif à la tutelle ministérielle de la chasse nous renvoie à la réalité de ce qu’est la chasse : une activité de loisirs où interfèrent les dimensions agricoles, environnementales, touristiques, économiques, sanitaires et sécuritaires, c’est dire la complexité du sujet.

Dans le droit fil de la teneur de cette contribution, nous proposons qu’un ministère, à défaut un secrétariat d’Etat, soit consacré aux questions de la chasse, de la pêche en eau douce et à l’ensemble des usages non appropriatifs de la nature. Je ne suis pas persuadé que la double tutelle soit la panacée, dans la mesure où tout ministère se caractérise à la fois par la politique générale qu’il sous-tend et par la personnalité du ministre lui-même. Par ailleurs, nous savons également que de nombreux décrets d’application des lois sont soumis à de multiples ministères selon leur teneur.

15) Ceci permettrait aux fédérations départementales de financer un personnel de surveillance et de conseil cynégétique au plus près des besoins des 70.000 associations de chasse.

16) Aujourd’hui, seuls les chasseurs et dans une moindre mesure, les skieurs, paient l’accès à la nature. Les chasseurs sont les seuls à financer la police de l’environnement qui est pourtant une mission régalienne de l’Etat, une mission qui doit donc être totalement financée par l’Etat.

17) La chasse aux migrateurs et plus particulièrement au gibier d’eau est celle qui soulève le plus de passions. Rien ne devrait justifier une nouvelle réduction des périodes de chasse, hormis une modification des périodes de migration liées au réchauffement climatique. La question de l’estimation des populations qui fait débat entre scientifiques, environnementalistes et chasseurs, devrait se sortir par le haut en établissant une collaboration soutenue entre scientifiques et chasseurs à l’instar de ce qui se pratique entre les pêcheurs en mer et l’IFREMER pour l’estimation de la ressource. La généralisation du carnet de Prélèvement Unique au plan National et pourquoi pas européen, peut également être un excellent outil, d’estimation de l’état de conservation des espèces, au même titre que les travaux de l’Observatoire International des Oiseaux Migrateurs du Paléarctique Occidental qui couvre soixante-dix pays.

18) Enfin, les dégâts produits par la prolifération de certaines espèces protégées engagent l’Etat qui a signé des conventions le plus souvent internationales, conventions qui régissent le statut de ces espèces.

Les effectifs de loups devraient être contenus à quelques dizaines de spécimens sur le territoire national. Les cormorans, dont l’approche et le tir sont difficiles, doivent être régulés également par la stérilisation des œufs. Les pisciculteurs défiscalisés pour leurs investissements de protections.

L’indemnisation des bergers, des pisciculteurs, des riziculteurs, doit être simple, rapide, et correspondre au coût total engendré par la perte de revenu. Bien réguler pour mieux indemniser des dégâts moins nombreux me semble être un bon compromis.

19) Respecter les hommes et les animaux, c’est également favoriser leur sécurité respective.

Le port obligatoire de vêtements fluo en battue et l’information des fédérations, portent leurs fruits en réduisant de manière significative le nombre annuel de morts. Le port d’un bandeau fluo pour la chasse individuelle et l’information dans le cadre des manipulations d’armes méritent, cependant, d’être encouragés au sein des schémas cynégétique dans la mesure où ils permettraient d’éviter une part non négligeable des accidents mortels.

Ceci m’amène à évoquer la situation des non chasseurs détenteurs d’armes de chasse. Ils sont des millions à détenir le « fusil du grand-père » et à se le transmettre. Ce sujet qui ne concerne pas directement les chasseurs, contribue cependant à ternir parfois l’image de la chasse dans le cadre d’accidents ou de meurtres où ces armes sont impliquées. Une réflexion approfondie et une législation incitative méritent d’être mises en place à ce sujet.

Respecter la sécurité des hommes et des animaux, c’est aussi protéger les voies publiques à grande circulation. Le nombre d’automobilistes tués par collisions avec le grand gibier, en particulier.

Le nombre d’animaux sauvages et domestiques tués pourrait ainsi être sensiblement réduit

20) L’humanisation de l’animal par les grands médias et plus particulièrement par les dessins animés a contribué à inverser les valeurs humaines, ainsi la mort en direct d’un animal émeut beaucoup plus que celle d’humains, banalisée par les films à la Rambo. Il convient à ce titre de favoriser une information plus réaliste et conforme dans le respect de la vie humaine et de la bien traitance des animaux domestiques et sauvages.

Conclusion

Mesdames et Messieurs, il convient, désormais pour conclure, de créer les conditions d’une chasse qui reste populaire et démocratique dans les décennies à venir. L’avenir de la chasse du XXIème siècle est lié à la capacité du monde de la chasse de se renouveler et d’endiguer sa constante régression numérique depuis 25 ans. De premiers signes encourageants sont là. La chasse doit également sortir de son enfermement et de sa résignation dans lesquels ses opposants l’avaient acculée. L’ouverture du dialogue avec les opposants, les agriculteurs, les sylviculteurs, les élus, les usagers de la nature, permettra aux chasseurs d’être des acteurs de plain-pied dans la société, des acteurs respectés parce qu’utiles et constructifs.

Autre enjeu d’avenir : l’état sanitaire du gibier qui engage la nécessité de développer la recherche publique pour endiguer définitivement les maladies qui, comme la myxomatose et le VHD, ont contribué à décourager de très nombreux chasseurs.

Les politiques européennes de l’environnement et de la conservation de la nature pèsent sur la chasse française : seule notre volonté politique doit permettre de faire valoir la subsidiarité de la France dans ce secteur comme dans bien d’autres d’ailleurs. Le PCF et les collectifs ont largement contribué à faire gagner le NON face à une Europe des directives non concertées, 70% des agriculteurs ont dit non le 29 mai pour des motifs comparables les concernant.

L’urgence est bien de relancer une Europe de la subsidiarité qui respecte les spécificités nationales, tels nos services publics, nos modes de chasse, nos cultures régionales. Elle a beaucoup mieux à faire du côté de l’emploi, de l’harmonisation sociale par le haut, du grand service européen de l’énergie et des transports.

Nous sommes un parti dont l’influence s’est certes érodée, mais avec nos milliers d’élus ruraux et urbains, nous pouvons encore réussir de belles choses, contribuer à rassembler des femmes et des hommes pour des causes communes justes et ce, en particulier pour les plus modestes. La chasse fait partie de cette logique politique que nous ambitionnons.

C’est à ce prix que nos enfants et petits-enfants pourront encore parcourir les champs et les bois, et chasser aux côtés de nos plus fidèles compagnons, les chiens, avec qui nous partageons notre passion commune.

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