Frédéric NIHOUS - Candidat CPNT

I - La chasse, une réalité méconnue

Question 1 : La France, pôle d’excellence cynégétique

Par la diversité de ses territoires et de ses modes de chasse, par son organisation associative et administrative, par son éthique, son caractère démocratique et sa convivialité, la chasse en France est très largement considérée en Europe comme un exemple. Pouvez-vous vous engager à conduire une politique volontariste pour maintenir notre pays dans sa vocation de pôle d’excellence cynégétique ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : Bien évidemment ! Je rappelle que je suis le SEUL candidat à l’élection présidentielle qui soit chasseur et responsable de diverses associations spécialisées cynégétiques, il n’y a donc pas photo, ni de se poser la question de savoir si je vais défendre la chasse puisque je suis chasseur et que je le revendique. Je connais donc bien le sujet, sans avoir besoin de conseiller occulte pour me l’expliquer ou la comprendre, d’autant plus que j’ai notamment été élu dans une Fédération de Chasseurs en étant Secrétaire Général puis Vice Président de la Fédération du Nord.

En outre, candidat de CPNT, la chasse fait partie des priorités affichées de mon programme électoral. Je m’engage donc, comme je l’ai toujours fait, à promouvoir la chasse et son excellence française tout en m’engageant à une grande loi de reconquête cynégétique tant pour récupérer ce que la gauche a volé aux chasseurs en 2000 et que la droite ne leur a pas rendu malgré les promesses, que pour aller de l’avant et développer une chasse conquérante et volontaire dans l’avenir.

Question 2 : la dimension démocratique et populaire de la chasse

La
chasse n’est pas réservée à une élite de la naissance ou de la fortune : elle est largement pratiquée par toutes les catégories sociales et professionnelles regroupées en 70 000 associations qui participent à l’animation des communes rurales. Le maintien de sa dimension populaire implique que l’État maîtrise les coûts financiers qu’il impose aux chasseurs et qu’il préserve les 10 000 A.C.C.A (associations communales de chasses agréées) contre les offensives qui les menacent. Partagez-vous cette analyse et entendez-vous vous attacher à maintenir cette authenticité démocratique en maîtrisant les coûts et en préservant le modèle des A.C.C.A ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : Je partage d’autant plus cette analyse qu’avec CPNT, nous rappelons constamment et depuis longtemps cette dimension populaire, associative, démocratique et dynamique ! Je revendique dans mon programme et dans cette campagne une maîtrise des coûts de la chasse tant directement par une baisse du prix actuellement exorbitant du permis de chasser et de sa redevance cynégétique (alors que les périodes de chasse ont diminué !) qu’indirectement en veillant à ce que la question des dégâts de gibier, notamment sylvicoles, ne viennent pas assommer financièrement les chasseurs et leurs structures institutionnelles, notamment les Fédérations départementales. De même, en reconnaissance du rôle d’excellence des structures cynégétiques, il faut définir un vrai statut associatif du bénévole cynégétique tout en accordant un régime fiscal et de charges spécifiques pour les fédérations, départementales ou régionales.

Question 3 : La chasse outil de développement rural et économique local

La chasse en France représente un poids économique significatif qui est estimé annuellement à 2,2 milliards d’Euros et à 23.000 emplois directs. A titre d’exemple, en 2002, la location du droit de chasse, attribut du droit de propriété, représente 5 à 10 % des revenus de l’Office National des Forêts et bien plus dans certains massifs privés. De nombreux emplois sont aussi générés de façon indirecte dans le domaine du tourisme, de la restauration, de l’hôtellerie, des chambres d’hôtes, du petit commerce, de la valorisation des produits locaux, des filières venaison, vétérinaire, armurerie, élevages, etc.
Seriez vous disposé à engager une politique de soutien aux initiatives et projets basés sur une chasse durable, qui permettraient de renforcer le tissu économique et social des zones rurales, par une diversification, via la chasse, des activités agricoles et forestières ?

Frédéric Nihous, candidat CPNT : Bien évidemment ! La chasse coûte très peu à l’Etat mais lui rapporte beaucoup. L’Etat doit donc assurer un juste retour des choses notamment en soutenant les initiatives de gestion de territoires menées par les chasseurs mais aussi, je le revendique dans mon programme, en prévoyant une défiscalisation des zones humides et des travaux d’aménagement des chasseurs (plantation de haies, jachères faune sauvage, etc…). L’Etat doit également prévoir un soutien à toutes les activités qui dépendent de la chasse et qui souffrent de la dépréciation des conditions d’exercice de celle-ci (commerces, taxidermie, armurerie, etc…).

Question 4 : la chasse, outil de gestion de l’environnement

La loi reconnaît la contribution de la chasse à la gestion équilibrée des écosystèmes en raison de son action en faveur de la protection des biotopes et de la gestion des espèces. Pouvez-vous vous engager à conforter cette vocation environnementale de la chasse en poursuivant une politique qui lui permette de continuer à gérer, pour le bien commun, les espaces et les espèces dans un but cynégétique ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : OUI mais il faut aller plus loin : dans cette période du « tout développement durable », il faut transcrire dans les faits et les politiques cette reconnaissance du rôle environnemental de la chasse notamment par un soutien fiscal aux intervention sur le patrimoine naturel : défiscalisation des zones humides, défiscalisation et baisse des taxes et charges sur les travaux d’aménagement de territoires, soutien financier aux associations cynégétiques et aux fédérations dans leurs projets et notamment dans le cadre de l’application des schémas départementaux.

Question 5 : la diversité des modes de chasse

La chasse en France se caractérise par une diversité, inégalée en Europe, de ses pratiques cynégétiques, inscrites dans une longue tradition et justifiées par la diversité des espèces, des espaces et des cultures régionales. Ces pratiques sont en outre codifiées par le droit positif et elles s’exercent dans le cadre d’une éthique. Elles forment un bloc auquel tous les chasseurs sont attachés, même s’ils ne pratiquent chacun qu’un nombre limité de ces modes de chasse. Pouvez-vous vous engager à maintenir tous ces modes de chasse, sans exception, dès lors qu’ils répondent aux conditions ci-dessus énoncées ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : OUI, mille fois OUI comme l’a toujours revendiqué CPNT : il faut une stabilité juridique et une reconnaissance juridique définitive et pérenne des aspects culturels des chasses traditionnelles devant être reconnues pleinement dans leur existence et dans leurs périodes de chasse spécifiques à chacune et dont peu parlent. La question des dates de chasse, très et malheureusement absente du débat sauf pour moi, est intimement liée aux chasses traditionnelles et doivent être reconquises : l’hémorragie doit cesser et les restrictions de chasse, comme celles que la ministre de l’écologie (sans aucune réaction du candidat de son parti…) a imposé sur l’arc méditerranéen, est inadmissible et doit être abrogée.

La question de ces dates de chasse, comme de la nécessaire baisse du coût de la chasse, sont les grandes priorités, à côté de tout un panel d’autres points à régler.

II - La chasse, une pratique et un espace à partager

Question 6 : la légitimité de l’acte de chasse

L’acte de chasse peut susciter le rejet sur le terrain de la sensibilité animale. En revanche, pour le chasseur, c’est un acte de passion, un acte de prédation inscrit dans les origines de l’homme et un acte de gestion de la faune. Dans le respect de l’éthique que s’impose aujourd’hui la très grande majorité des chasseurs, reconnaissez-vous la légitimité sociale et culturelle de l’acte de chasse ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : OUI, il faut l’assumer et le revendiquer. Cette dimension socioculturelle de la chasse est fondamentale.

Question 7 : plus de gestion contractuelle plutôt que des contraintes réglementaires

La réglementation de la chasse croît à proportion inverse de l’effectif des chasseurs, les tentatives louables de « simplification administrative » ne produisent encore que de modestes résultats. Pourtant, sur l’initiative des chasseurs, des succès notables peuvent être enregistrés : guichet unique, ouverture anticipée de la perdrix. Il reste donc à engager une révolution tranquille en remplaçant progressivement les contraintes réglementaires par des objectifs de gestion par espèces et par unité cynégétique appropriée. Partagez-vous cette démarche fondée sur une approche contractuelle ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : les chasseurs croulent sous l’abus de réglementation alors que la mode serait à la simplification administrative ! Faisons confiance au bon sens des chasseurs et à la gestion contractuelle, sur le terrain, dans la concertation indispensable avec les chasseurs et leurs structures (sociétés, ACCA, etc…). Adaptons les nécessités aux réalités et besoins du terrain plutôt que se perdre en amoncellement de textes et d’interventions administratives.

Question 8 : recruter de nouveaux chasseurs pour transmettre une passion de la nature

La chasse est à la fois une passion de la nature inscrite dans notre tradition nationale et un facteur de cohésion sociale. Elle doit donc être transmise, dans un monde privé de repères, grâce au recrutement de nouveaux chasseurs. Jeunes gens ou jeunes retraités, femmes ou citoyens issus de l’immigration, le renouvellement et la diversification sont un défi que le monde de la chasse est en train de relever. Partagez-vous cette analyse et quelles mesures envisagez-vous de prendre à cet effet, qu’il s’agisse par exemple d’une plus grande souplesse dans l’organisation des épreuves du permis de chasser, d’une diminution de la redevance pour les premiers permis, d’un encouragement à la chasse accompagnée, etc ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : l’ouverture du monde de la chasse est indispensable, notamment aux jeunes qui sont l’avenir de la chasse. Il nécessite un réel et volontaire investissement pour que le coût de la chasse ne soit pas un frein à son accès. Il faut des prix de permis et de redevance plus bas, des accès facilités, notamment financièrement, aux territoires (avec l’accord et l’association des chasseurs locaux, bien sûr), aller plus loin dans le principe de la chasse accompagnée dont le système est encore lourd et difficile pour certaines situations (comme par exemple les enfants de parents divorcés et séparés géographiquement où la formation, la validation et les démarches administratives et cynégétiques sont trop difficiles et quasiment impossibles à surmonter).

Question 9 : l’indispensable réciprocité et l’équilibre dans la concertation

La pratique de la chasse est soumise à une concertation ouverte à des intervenants toujours plus nombreux, du niveau national au niveau local. En revanche, souvent les chasseurs ou d’autres véritables acteurs du monde rural et de l’environnement ne sont pas représentés dans les instances ayant en charge la gestion de la nature et des activités qui y sont pratiquées. Cette asymétrie n’est pas acceptable au regard du rôle joué par les chasseurs dans la gestion des espaces et des espèces. Le principe de la réciprocité doit donc être affirmé dans la pratique quotidienne de l’action administrative. Pouvez-vous vous engager en ce sens, qu’il s’agisse par exemple de la protection de la biodiversité, de la ruralité, des activités de pleine nature ou de la protection et de la gestion des espaces classés à des titres divers ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : Les chasseurs doivent être associés, consultés et représentés dans toute structure oeuvrant dans le domaine de la chasse et de l’environnement car ils y ont toute leur place, ne serait-ce qu’en tant qu’acteurs de terrain, gestionnaires d’espaces et d’espèces. Ils doivent être mieux traités qu’actuellement et faire partie intégrante, de façon paritaire, des structures touchant à leur activité.

Question 10 : le partage temporel de l’accès à la nature

Le « mercredi sans chasse » avait été institué pour stigmatiser les chasseurs. Il a été supprimé peu de temps après, dans une quasi-indifférence générale des autres utilisateurs des espaces naturels. Cependant, des nouveaux départements, en fonction de leurs spécificités respectives, ont établi des jours sans chasse dans un double souci de gestion des espèces et/ou de partage des espaces. Pouvez-vous vous engager à ne pas rétablir de mesure autoritaire de fermeture de la chasse à date fixe, ainsi qu’à favoriser la recherche de consensus locaux, plus particulièrement en zone périurbaine, en cas de conflits d’usage ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : Ayant ardemment milité, avec CPNT comme avec les associations de chasse dont je suis responsable, contre ce jour sans chasse, ce n’est pas pour le remettre en place ! Je m’engage bien évidemment à empêcher toute nouvelle tentative, autoritaire ou législative, d’imposer un nouveau jour d’interdiction de la chasse.

Une autre nécessité est l’approche concertée et contractuelle, au niveau local (ça se fait beaucoup dans le Nord, dont je suis originaire, puisque nombre d’installation de chasse au gibier d’eau ou de territoires appartiennent aux collectivités territoriales – Je représentais d’ailleurs la Fédération des chasseurs du Nord à la structure paritaire de concertation et de règlement des conflits au Conseil général, ce qui a permis de conserver le droit de chasser aux chasseurs locaux concernés par les achats de territoires du Département) de façon à préserver le droit de chasser sur ces territoires où il faut alors trouver un équilibre acceptable entre les différents usagers quand il s’agit de terrains appartenant au Domaine Public (communal ou autres).

Question 11 : la préservation des territoires et des paysages

Une nature vivante, riche et diverse, exige une utilisation rationnelle de l’espace. Les chasseurs sont, par définition, les défenseurs de cette nature et de ses écosystèmes, qu’ils soient rares ou banals. Ils s’engagent pour qu’il soit mis un terme à la destruction des zones humides, au mitage de l’espace par un urbanisme sans réel contrôle, à l’agrandissement sans fin des parcelles culturales et à son cortège de destruction de haies, rus et bosquets, à la défiguration des paysages comme à la surfréquentation de certains sites. Ils regrettent que les décisions d’utilisation des sols, au sens large, ne prennent pas en compte la faune sauvage. Partagez-vous ces constats et cette ambition, et comment entendez-vous mettre un terme au gaspillage de l’espace et des paysages ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : Le rôle des chasseurs dans la préservation des espaces et des espèces n’est pas assez reconnu. Face aux atteintes portées aux territoires et aux espèces présentes, il faut comme je l’ai déjà développé ci-dessus, prévoir une politique incitative de préservation de ces espaces à la condition que l’exercice de la chasse y soit pleinement et totalement maintenu. De même, les chasseurs et les propriétaires fonciers doivent être soutenus, notamment fiscalement, dans leurs actions de préservation et d’aménagement de territoires (donc d’espaces naturels). Enfin, il faut trouver un juste équilibre entre exercice de la chasse sur les territoires et projets de développement rural des communes qui profitent à la population : la concertation doit avoir sa place.

Question 12 : un partage équitable de l’accès aux espaces naturels

Les chasseurs aiment la nature, souhaitent partager leur savoir et leur expérience avec les autres utilisateurs de ces territoires et ne revendiquent aucun monopole d’usage sur ces espaces naturels. En revanche, ils attendent une égale compréhension, un égal respect et une égale réciprocité de ces autres utilisateurs. Par ailleurs, ils refusent la socialisation rampante de l’accès aux espaces naturels qui octroie des droits aux utilisateurs occasionnels et laisse tous les devoirs (entretien, fiscalité, responsabilité civile, etc.) aux propriétaires privés ou publics. Quelles réflexions entendez-vous conduire pour mettre un terme aux dérives constatées et favoriser un partage équitable de l’accès aux espaces naturels ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : il faut stopper les « Kolkhozes de la nature » où trop d’actions, de politiques, de réglementations nationales ou européennes, portent atteinte aux droits de propriétés (qui est un droit constitutionnel !) et aux droits d’usage. La confiscation rampante des territoires et la réduction des usages qui s’y exercent est une démarche totalitaire inacceptable qui doit être officiellement bloquée. Je rappelle en outre que le plus souvent, le chasseur est le seul usager payant des espaces, notamment publics !

Pour ce qui est des propriétés privées, la solution est simple : respect et liberté pour le propriétaire ; la démarche d’usage est à négocier (s’il le souhaite) directement avec lui (situation classique de droit privé).

Pour ce qui est de l’espace public, il faut respecter tous les usages et usagers avec la nécessité d’un équilibre entre tous au lieu de, comme c’est trop souvent le cas, toujours restreindre la chasse uniquement. L’équilibre est à trouver, localement et par la concertation, pour assurer un partage équitable du temps et de l’espace.

III - La chasse, un territoire à surveiller

Question 13 : intégration de « l’écoconditionnalité » et de la nature « ordinaire»

L'agriculture française est une agriculture de production qui depuis plus de 50 ans a considérablement réduit les habitats de la faune sauvage. La prise en compte de l'environnement dans les politiques agricoles est récente à travers la conditionnalité des aides de la PAC mises en œuvre en 2005 par l'Europe. L'application française en a considérablement réduit l'impact en se focalisant sur la problématique de l'eau aux dépens de la biodiversité.
Les politiques nationales environnementales actuelles sont dirigées vers une biodiversité remarquable (espèces patrimoniales, sites remarquables) concentrée sur des sites précis. L'ensemble de la faune et du territoire national « ordinaires » sont délaissés.
Etes-vous prêt à mettre en place une politique concrète en faveur des habitats de la faune sauvage commune concernant l'ensemble du territoire national ; politique dans laquelle les chasseurs seraient enfin reconnus comme force de proposition et l’écoconditionnalité mieux intégrée aux aides agricoles ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : à l’inverse de Natura 2000 par exemple, je considère que le rôle environnemental des chasseurs doit être reconnu et donc permettre leur intégration dans toute politique de gestion des espaces notamment par leur association au processus décisionnel. Ainsi, non seulement ils ne doivent plus être écartés ou ignorés mais pleinement associés aux décisions tout en garantissant qu’ils ne feront pas simplement « potiche » donc qu’ils participeront pleinement aux projets tout en pouvant y apporter leurs propositions au regard de leur expérience du terrain.

Quant à l’écoconditionnalité, je suis plus mesuré, même si l’impact de l’agriculture sur la faune et les territoires est réelle : la chasse ne peut s’exercer dans nombre de régions sans les agriculteurs et leurs territoires. Verser dans une écologie punitive, une écologie de sanction, au final, ne réglerait rien en raison de leur droit de propriété et de leur nécessaire adhésion à la gestion cynégétique pour adapter leurs techniques culturales de façon à ce qu’elle soit bénéfique pour la faune. L’agriculture connaît une grave crise, n’en rajoutons pas même s’il faut faire quelque chose.

Aussi, je préfère et revendique une approche incitative, par la baisse des taxes ou de la fiscalité sur les méthodes, matériels, matériaux et produits dits « propres » et respectueux de l’environnement. Des exemples, notamment dans le Nord à Esquerchin (village voisin du mien de quelques kilomètres), montrent que les changements de pratiques agricoles vers plus de respect du territoire et de la faune ont permis une relance extraordinaire de la faune (notamment gibier, avec lièvres et perdrix grises). Ceci a été permis par une adhésion des agriculteurs au projet de gestion environnementale, par un travail en commun, par un soutien mutuel, sans qu’il y ait d’écoconditionnalité à la subvention. C’est un faux débat, qui dépasse le strict cadre de la chasse.

Question 14 : la tutelle ministérielle de la chasse et la réforme de l’État

Le ministère de l’environnement, créé dans une logique de protection et de contrôle, est par construction, mal à l’aise pour gérer au quotidien la chasse, activité à caractère culturel, économique, dans une logique de gestion d’une ressource naturelle. Le ministère de l’agriculture, créé pour développer la production agricole et forestière et pour protéger l’élevage par une politique vétérinaire nécessairement stricte, s’il paraît plus proche des chasseurs, ne semble pas toujours en mesure d’assurer une tutelle efficace de la chasse. Les cotutelles mises récemment en place, notamment au niveau de l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage), n’ont pas encore produit de résultats perceptibles. La réforme de l’État étant à l’ordre du jour, des solutions innovantes pourraient être envisagées. Dans cette perspective, avez-vous réfléchi à un positionnement ministériel original de la chasse et, à défaut, à quel ministère traditionnel envisagez-vous de la rattacher ?

Frédéric Nihous, candidat CPNT : La double tutelle actuelle n’est pas satisfaisante car les intérêts propres de chacun des deux ministères ne sont pas les mêmes et peuvent être antagonistes comme le montre par exemple la question des dégâts.

Question 15 : une police de la chasse plus efficace

Les chasseurs de France souhaitent une police efficace permettant une gestion sereine et durable des espèces et des espaces. Cette efficacité exige une meilleure coordination par les préfets des corps de fonctionnaires concernés, en relation étroite avec les fédérations départementales. Elle appelle en outre un renforcement de la police de proximité assurée par les gardes particuliers. Quelles mesures entendez-vous prendre pour optimiser cette coordination et cette complémentarité de terrain ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : les polices de l’environnement sont morcelées, concurrentes et, pour ce qui est de l’ONCFS, attributrices de trop de missions dont certaines n’ont en outre rien à voir avec la chasse et la gestion des espaces et espèces alors que prises en charge par les chasseurs. Il faut mettre de la cohérence, unifier le système en le sortant d’une tutelle parfois trop militante.

Question 16 : la poursuite du recentrage de l’ONCFS

La coexistence d’une structure associative puissante et d’un établissement public dynamique est un atout majeur pour assurer l’avenir de la chasse en France. Cet atout ne sera pleinement exploité que si trois conditions continuent à être remplies : la confiance réciproque au service d’une chasse durable, la complémentarité des missions et le financement par l’État des missions régaliennes et patrimoniales de l’ONCFS ou la diminution des redevances du permis de chasser à due concurrence. Pouvez-vous vous engager à garantir confiance, complémentarité et cofinancement ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : l’ONCFS doit relever intégralement du budget de l’Etat au regard de sa mission ; la contribution des chasseurs, trop élevée pour cet établissement, doit servir à la recherche scientifique et technique nécessaire à la gestion des espaces et des espèces. En outre, le prix du permis de chasser est excessif et doit, par une baisse de la redevance cynégétique, être baissé et ramené à un niveau plus supportable pour les chasseurs, notamment les plus jeunes et les moins argentés.

IV - La chasse, des dates, des animaux et des armes

Question 17 : l’avenir des chasses aux migrateurs

Les chasseurs de migrateurs, en particulier de gibier d’eau, apportent une contribution significative à l’entretien des zones humides, à la veille sanitaire et à la connaissance des espèces. Cette contribution, souvent méconnue, perdure alors même qu’ils ont subi de lourdes contraintes depuis plusieurs années (réduction des périodes de chasse, réglementation des appelants, interdiction du plomb, influenza aviaire, etc.). Il importe donc aujourd’hui de mettre un terme aux réductions des périodes de chasse, aux méthodes aléatoires d’estimation de l’état de conservation des espèces, de donner un statut juridique clair au guide interprétatif de la directive « oiseaux » et de permettre l’utilisation des appelants dans un cadre sanitaire cohérent. Êtes-vous d’accord avec ces trois objectifs ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : il faut absolument obtenir un retour aux dates de chasse traditionnelles, comprises dans la fourchette 14 juillet / 28 février, en fonction des usages et coutumes locales ; ce qui n’empêche pas le respect des modes et dates spécifiques à certaines traditions (pigeon en mars en Ardèche ou sud de la France, tourterelle en mai dans le médoc,…). Vis-à-vis de l’Europe, il faut obtenir, diplomatiquement et politiquement, une indépendance vis-à-vis de l’Europe pour mettre fin à l’amoncellement de réglementations nouvelles et interprétatives, aux interprétations de la Cour de Justice. Il faut également une modification urgente de la directive européenne 79/409, tout en soutenant toute procédure tendant à la reconnaissance de son illégalité, pour permettre à chaque état de fixer lui-même ses dates de chasse (rappelons que cette modification a été promise par l’actuel gouvernement sachant qu’il n’a pas tenu sa promesse et que la directive a été publiée en 1979 alors que légalement l’Europe n’avait pas de compétence en matière d’environnement au regard du traité de Rome).

Quant aux appelants, de par leur dimension culturelle, traditionnelle et leur statut d’auxiliaire de veille sanitaire, il faut que leur utilisation soit garantie sans entrave ni technique, ni sanitaire, ni financière.

Question 18 : responsabilité de l’État du fait de la prolifération de certaines espèces protégées

Certaines espèces protégées commettent de plus en plus de dégâts (cormorans et piscicultures, flamants roses et rizières, loups et troupeaux). Le Conseil d’État a ainsi été conduit à poser le principe de la responsabilité financière de l’État dans la réparation des préjudices commis par des espèces animales protégées. Mais ce principe ne s’applique que par voie d’action judiciaire. Entendez-vous reconnaître législativement ce principe et mettre ainsi en place une procédure simple d’indemnisation ? Parallèlement, pour éviter des dépenses inutiles, quelles initiatives envisagez-vous de prendre pour permettre une régulation des effectifs des espèces protégées qui commettent des dégâts ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : il faut limiter les espèces invasives en donnant le droit de régulation et diminution par le tir, notamment aux professionnels dont l’activité est menacée par ces espèces, tout en augmentant les quotas de tir dans un 1er temps, ou autres techniques tout en stoppant les réintroductions d’espèces prédatrices néfastes tant à l’activité d’élevage local notamment ovin ou sur le grand gibier (loups, ours). L’Etat doit prendre totalement en charge les dégâts provoqués par ces espèces protégées par une procédure simplifiée d’indemnisation à définir avec les branches professionnelles concernées.

Question 19 : La chasse et la sécurité publique

Depuis plus de 10 ans, les fédérations des chasseurs font des efforts sans précédents pour imposer des règles drastiques de sécurité et mieux former les nouveaux chasseurs avec l’obligation d’un examen pratique du permis de chasser. Grâce à cette mobilisation permanente, la chasse n’est pas une activité plus dangereuse que bon nombre d’activités de loisir et de sports de nature, malgré l’utilisation d’armes à feu et le développement de la chasse au grand gibier.
Partagez vous cette analyse, ou pensez vous qu’il faut imposer de nouvelles contraintes de sécurité publique pour les chasseurs, lorsqu’ils pratiquent leur activité dans la nature ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : ancien Vice-Président de FDC, j’ai pu constater et œuvrer personnellement pour l’amélioration de la sécurité à la chasse ; les structures associatives cynégétiques ont fait là un travail formidable qui porte ses fruits même si l’effort ne doit pas se relâcher. Il n’y a pas à rajouter de nouvelles mesures ou contraintes, juste à épauler et aider les structures associatives dans leurs investissements en la matière, notamment en matière de formation, d’information et de communication sur le terrain en action de chasse.

Question 20 : le statut de l’animal

Les chasseurs nourrissent un profond respect pour toutes les espèces animales, sauvages ou domestiques, et cultivent une complicité affective avec elles. Ils revendiquent une bien-traitance pour les animaux domestiques et une éthique pour les animaux sauvages. Ils récusent en revanche l’humanisation rampante de l’animal et l’assimilation du sauvage au domestique. Ils estiment que les lois en vigueur, peut-être mieux appliquées, sont efficaces et que les lois supplémentaires ne feraient qu’alimenter une démagogie dangereuse. Pouvez-vous vous engager à maintenir en l’état le dispositif juridique en vigueur de protection des animaux, en l’appliquant de manière plus efficace ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : les chasseurs jouent un rôle fondamental dans la gestion des espaces et des espèces, rôle qui se doit d’être reconnu et soutenu. Je déplore la dérive actuelle de bien-pensance qui élève le bien-être animal au rang d’une cause nationale et internationale et je m’engage à les contrer, comme nous l’avons toujours fait avec CPNT. Les textes sont suffisants et il n’y a pas à en faire plus, juste à rationnaliser le système.

Question 21 : La réglementation des armes de chasse

Avec 20 décrets et arrêtés en 20 ans, la réglementation française sur les armes est devenue l’une des plus compliquées et des plus contraignantes d’Europe, notamment pour les chasseurs. C’est à chaque fois à la suite d’un fait divers dramatique que la réglementation s’est durcie, alors qu’il s’agissait presque toujours d’une absence d’application des lois et règlements existants.
Etes-vous favorable à l’arrêt de la suréglementation dans le domaine des armes de chasse et à une simplification des procédures de contrôle existantes pour les détenteurs légaux d’armes à feu que sont les chasseurs ?

Frédéric NIHOUS, candidat CPNT : Chasseur et tireur de ball-trap moi-même, donc détenteur légal d’armes, à la différence des autres candidats à l’élection présidentielle, je suis parfaitement au courant des problèmes rencontrés par les usagers et détenteurs légaux d’armes.

Il faut nous montrer solidaires, unis et forts, pour défendre nos droits légaux et légitimes et je précise que candidat CPNT à cette élection présidentielle, je représente un Mouvement (CPNT) qui a toujours dénoncé les menaces pesant sur les détenteurs légaux d’armes.

Cette question tend à montrer l'inacceptable dédain dont font preuve les politiques à l'égard de citoyens respectueux des lois et des réglementations : ce n’est pas parce qu’on possède une arme qu’on est un délinquant ou un terroriste en puissance ! Ce n’est pas la détention d’armes qui est un risque, c’est l’usage qu’on en fait (au même titre que la voiture ou … un couteau de cuisine).

Rarement une population comme celle des chasseurs, tireurs sportifs ou collectionneurs d’armes aura été aussi brimée que depuis 20 ans en France. On a réduit les dates d'ouverture et de fermeture, modifié les structures cynégétiques en les mettant en quasi tutelle, interdit certaines munitions (comprenant du plomb); " on " a même scandaleusement voulu confisquer les armes des chasseurs ou des tireurs sportifs (notamment les fusils à pompe), on a durci les règles en matière d’acquisition d’armes comme si les chasseurs et les tireurs sportifs étaient responsables de l’insécurité et de l’explosion dans les banlieues...

Chasseurs, tireurs sportifs ou collectionneurs ou armuriers, nous n'avons pas à être les boucs-émissaires de gouvernements en panne de solutions quant à l'insécurité ou à la recherche d’écrans de fumée. Les citoyens honnêtes n’ont à payer l’incurie ambiante !

Oui, il y a un patrimoine de l'arme en France, historique ou économique, que nous ne devons pas laisser gaspiller ou bafouer, d'autant plus que notre passion est légitime, légale et ne porte pas atteinte à la sécurité.

Non, ce ne sont pas les chasseurs et les tireurs qui sont responsables de la flambée de la délinquance. On oublie trop souvent que pour acheter légalement une arme en France, il faut être titulaire soit d'une licence de tir sportif, soit d'un permis de chasser. Quel délinquant se risquerait à aller acheter une arme pour en avoir un usage malhonnête ou criminel s'il doit présenter des justificatifs ? Il est beaucoup plus simple pour lui de passer par les réseaux de trafiquants qui fleurissent un peu partout et qui prospéreront d’autant plus avec un accroissement de la prohibition !

Le décret de 1995, pris par le gouvernement Balladur, avait déjà soulevé notre colère. En 2001, la loi sur la sécurité quotidienne du gouvernement Jospin en a rajouté en frappant les chasseurs, les tireurs sportifs et les collectionneurs de nouvelles contraintes. Les textes préparés par le nouveau gouvernement suite à l’alternance de 2002 ne sont pas non plus satisfaisants tant sur leur contenu (même s’il aurait pu être pire) que sur la forme. En effet, à l’inverse de ce qu’affirment publiquement certaines officines la concertation et le dialogue n’ont guère été de mise ! CPNT s'était élevé contre cette manipulation médiatique qui consiste à faire croire qu'en durcissant les textes existants sur les armes, on peut résoudre les problèmes alors mêmes que ces textes se trompaient de cibles. Je continuerai à le dire durant cette campagne présidentielle. Il n’y a donc aucunement besoin de nouvelles mesures de restrictions, bien au contraire !

Aucun commentaire: